Membres du Nouveau Gouvernement Français

PARIS (Reuters) - Le président Nicolas Sarkozy a nommé un gouvernement de 15 ministres, dont sept femmes, et de quatre secrétaires d'Etat, qui fait la part belle à l'ouverture à gauche.
Sur 20 membres, avec le Premier ministre François Fillon nommé jeudi, trois viennent de la gauche : le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et les secrétaires d'Etat Jean-Pierre Jouyet (Affaires européennes) et Eric Besson (Prospective et évaluation des politiques publiques).
A ces trois postes gouvernementaux s'ajoutent, celui, tout nouveau, de Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, confié au président d'Emmaüs-France Martin Hirsch, lui aussi classé à gauche.
En comparaison, l'ouverture vers le centre fait figure de parent pauvre avec un seul représentant, l'UDF Hervé Morin, ministre de la Défense mais 11e dans l'ordre protocolaire, alors que Bernard Kouchner est numéro 5.
François Fillon sera flanqué, en numéro deux, d'Alain Juppé, seul ministre d'Etat. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac fait son retour au premier plan dans la vie politique française, dont les affaires politico-judiciaires de la mairie de Paris l'avait éloigné.
Il hérite du portefeuille de l'Ecologie, du Développement et de l'aménagement durables, qui englobe des sujets bien plus larges que cet intitulé ne le laisse entendre. Il sera secondé par un secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau.
Nicolas Sarkozy tient ainsi sa promesse de confier à une sorte de vice-Premier ministre le dossier du développement durable, dont il a dit vouloir faire une priorité.
Il ne tient en revanche pas tout à fait sa promesse de parité homme-femme. Sur les 15 ministres à part entière, on compte certes sept femmes, mais elles représentent à peine un tiers de la totalité des membres du gouvernement, Premier ministre inclus.
BORLOO A UN GRAND MINISTERE
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense dans le gouvernement sortant, hérite de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des collectivités territoriales, avec le rang de numéro quatre dans l'ordre protocolaire, derrière Jean-Louis Borloo.
Ce dernier obtient le grand portefeuille de l'Economie dont il rêvait pour relancer l'emploi par la croissance. Traitement social du chômage et réformes sociales délicates, comme celle des retraites, relèvent plutôt du nouveau ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, Xavier , relèvent plutôt du nouveau ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, Xavier Bertrand.
Dans le big-bang gouvernemental voulu par le nouveau chef de l'Etat, Bercy connaît une des transformations les plus radicales, avec un ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique autonome et confié au trésorier de l'UMP et de la campagne de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth.
Du côté des femmes, Nicolas Sarkozy fait monter la jeune génération. Son ex-conseillère au ministère de l'Intérieur, Rachida Dati, qui a été sa porte-parole de campagne, hérite à 41 ans, dès sa première participation à un gouvernement, d'un grand ministère régalien, la Justice.
La députée et porte-parole de l'UMP Valérie Pécresse, 39 ans, obtient pour sa part le portefeuille de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Mais Nicolas Sarkozy a également fait appel à l'expérience pour gérer des dossiers particulièrement sensibles.
Christine Lagarde, 51 ans, issue de la société civile, ministre de l'Agriculture, pourra mettre à profit son expérience de ministre du Commerce extérieur dans le précédent gouvernement pour défendre les agriculteurs français dans les difficiles négociations commerciales internationales à l'OMC.
FIDELITE RECOMPENSEE
Au total, six membres du nouveau gouvernement ont fait partie de l'équipe sortante dirigée par Dominique de Villepin : Jean-Louis Borloo, Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux, Xavier Bertrand, Christine Lagarde et Dominique Bussereau.
"La fidélité c'est pour les sentiments, l'efficacité pour le gouvernement", avait dit Nicolas Sarkozy aux parlementaires de l'UMP après sa victoire à l'élection présidentielle.
Il n'en a pas moins récompensé quelques-uns de ses fidèles ou de ceux de François Fillon et d'Alain Juppé.
Brice Hortefeux, un de ses lieutenants, prend la tête d'un des ministères les plus sensibles, celui de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, dossiers dont Nicolas Sarkozy avait fait un thème central de sa campagne présidentielle.
Roselyne Bachelot (Santé, Jeunesse et Sports) est une proche du Premier ministre. Xavier Darcos (Education) est un ami d'Alain Juppé. Christine Boutin (Logement et Ville) s'était assez rapidement ralliée à la candidature de Nicolas Sarkozy.
Quant à Christine Albanel (Culture), qui sera porte-parole du gouvernement, elle a été comme Valérie Pécresse une conseillère de l'ex-président Jacques Chirac.
Le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, est un ami de 30 ans du chef de l'Etat, en même tant qu'un proche de François Fillon en tant qu'ancien "séguiniste". Il a lui aussi pris une part active, quoique souvent dans l'ombre, à la campagne du président.
Initialement, les secrétaires d'Etat ne devaient être nommés qu'après les élections législatives des 10 et 17 juin. Il y en a finalement quatre dès le premier jet.
Une façon également de remercier l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en maintenant un de ses proches, Dominique Bussereau, au gouvernement.